Introduction
Tout est parti de la rencontre avec un écrivain passionné, Jack Meurant. Sa connaissance sur la vie de Jean Giono et en particulier sur son engagement pacifiste nous a été d’une aide précieuse. Grand merci à lui !
Suite à ces moments de partage, une première représentation théâtrale a vu le jour, mais aujourd’hui, Base Art Compagnie en propose une version différente, sous forme de conférence en scène.
Textes et conférence sont illustrés par des images d’époque projetées et s’articulent autour des respirations musicales du violoncelle de Catherine Marchand.
En fin de séance, un échange entre le public et les intervenants est bienvenu.
La conférence
(par Anne Mandrou)
Elle aborde les effets de la Grande Guerre sur un des écrivains des plus célèbres de Provence, Jean Giono.
En effet, après son expérience du front, l’auteur a exprimé sa haine de la guerre non seulement dans son activité littéraire mais aussi par son engagement politique.
La lecture de quelques uns de ses textes, replacés dans un cadre historique plus large, permet de mieux appréhender la question du Pacifisme chez Giono.
« Giono et le Pacifisme »
Extraits de textes choisis :
« Il n’y a pas de héros : les morts sont tout de suite oubliés.
Les veuves de héros se marient avec des hommes vivants, simplement parce qu’ils sont vivants et qu’être vivant est une plus grande qualité que d’être héros mort.
Il ne reste plus de héros après la guerre : il ne reste que des boiteux, des culs-de-jatte, des visages affreux dont les femmes se détournent ; il ne reste plus que des sots.
Après la guerre, celui qui vit c’est celui qui n’a pas fait la guerre.
Après la guerre, tout le monde oublie la guerre et ceux qui ont fait la guerre.
Et c’est justice. Car la guerre est inutile et il ne faut rendre aucun culte à ceux qui se consacrent à l’inutile ».
Le club de Boulogne-Billancourt des usagers des Auberges de Jeunesse
du Centre Laïque te rappelle : « Les seules vérités » (29/09/1938)
« Mes jeunes camarades, vous avez, pour venir ici, connu des arbres, de la terre, et généralement toute la beauté du monde.
Aucune lutte, aucune technique, aucune richesse ne pourra jamais vous en donner plus.
Là est toute la gloire de la vie.
Il n’y en a point d’autre ailleurs, où que ce soit.
Cette jeunesse que vous avez, il n’est point juste, il n’est jamais juste qu’on vous la fasse dépenser pour quoi que ce soit d’autre.
Aucune patrie, aucun parti ne peut vous faire plus riches que ce que vous êtes aujourd’hui.
Je vous parle avec le simple bon sens qui peut vous faire voir clair vous-mêmes autour de vous.
Ici se trouve le grand exemple de la liberté.
Pour avoir la liberté, ni richesse capitaliste, ni richesse d’état collectif ne vous est nécessaire.
Il vous suffit d’avoir un métier que vous aimiez et que vous sachiez faire tout entier, du commencement jusqu’à la fin.
Le travail là est un loisir.
Vous aurez la joie de vous y sentir de jour en jour plus habiles.
Vous pourrez avec lui faire de véritables chefs- d’œuvre.
Les plus grands objets d’art qui font notre admiration sont de simples œuvres d’artisans amoureux.
Voilà pour la liberté de votre individu.
N’agglomérez pas vos individus. Restez libres.
Repoussez tout ce qui coagule.
Unissez-vous pour un seul but : la Paix ».
Messages, Auberges de Jeunesse, 1937
Votre jeunesse est la qualité de l’homme à laquelle on a le plus envie de s’adresser. C’est en elle seule que j’ai confiance au milieu de l’effondrement ; c’est en elle que je veux parler aujourd’hui. Les hommes de ma génération sont hors-jeu ; s’ils ont l’air de dire le contraire ne les croyez pas, méfiez-vous ; c’est qu’ils prétendent vous mener ; vous n’êtes pas un troupeau. Ils veulent que vous le deveniez. Ils essayent de vous donner une conscience de masse pour détruire cette conscience individuelle qui fait votre propre beauté. Ils veulent supprimer votre humanité pour vous asservir à leur spiritualité. C’est le travail habituel des générations hors-jeu. Vous êtes, vous, de l’humain tout frais et tout neuf. Restez-le. Ne vous laissez pas transformer comme de la matière première. Refusez d’être un outil dans les mains de quelqu’un : soyez seulement l’outil de votre propre vie. En face de vous, les hommes de mon âge n’ont qu’un seul droit : celui de dresser le catalogue de leurs fautes et de vous en instruire pour que vous en soyez prévenus. La pureté de votre jeunesse fera le compte.
À l’âge où vous êtes, maintenant libres, et l’amour vous a mis la main à l’épaule, on nous a pris, nous, et on nous a chargés du harnais de la guerre. Et nous n’avons pas osé affirmer notre force. Oui, à l’instant même où vous êtes maintenant, aussi forts que vous, nous avons été tout de suite prisonniers de la mort et pour nous tout a été fini. Comme si pour vous maintenant tout finissait et que les deux tiers d’entre vous soient jetés par terre crevés et pourrissants. Car nous avions écouté les poètes, les écrivains les hommes en place de la génération hors-jeu ; et ils nous avaient jetés volontairement dans le massacre. Ceux d’aujourd’hui comme ceux d’hier prétendent parler au nom du bonheur des générations futures. Vous êtes, vous autres, la génération dont on nous parlait au futur, et dont notre martyre devait assurer le bonheur. L’avons-nous fait ? Non. Nous avons au contraire permis des temps terribles. Si vous y consentez comme nous y avons consenti, et pour n’importe quel motif (pour n’importe quelle patrie matérielle et idéologique), votre mort n’assurera le bonheur de personne. Ce sera simplement votre mort. Totalement inutile.
Voilà ce que j’avais à vous dire, à vous qui maintenant avez le cœur rempli de forêts vivantes, de montagnes et d’océan. Le héros n’est pas celui qui se précipite dans une belle mort ; c’est celui qui se compose une belle vie. La mort est toujours égoïste. Elle ne construit jamais. Les héros morts n’ont jamais servi ; certains vivants se sont servis de la mort des héros ; et c’est ce qu’ils ont appelé l’utilité des héros. Mais après des siècles de cet héroïsme nous attendons toujours la splendeur de la paix.
Seule la vie est juste. La vie la plus solitaire est intimement mêlée à la vie du monde et la beauté se développe soudain à travers tous, plus vite que le vent.
Ne suivez personne.
Marchez seuls.
Que votre clarté vous suffise.
Que votre clarté vous suffise.
Message d’entrée au 1er congrès des Auberges de Jeunesse. Toulouse 1938
Fiche Technique
Nous sommes autonomes en lumière et son (16A suffisent).
Nous nous adaptons en tous lieux et en fonction de la jauge.
Si vous disposez d’une estrade cela n’est que mieux.
Comptez environ 1h30 de représentation.(3/4h lectures, 3/4h conférence)
Nous demandons une heure de mise en place, voire plus si une régie lumière importante s’impose.
Nous contacter pour le tarif.
Déclarations GUSO souhaitées si votre structure est habilitée + facture.
Une collation partagée est bienvenue après la représentation.
Dites-nous si vous disposez d’un écran de projection.